Boubacar Joseph NDIAYE, Mémoire des lieux
Né à Rufusque le 15 Octobre 1922. Compositeur typographe. études primaires à Gorée et à l’école professionnelle Pinet-Laprade de Dakar.appelé sous les drapeaux ( Armée française) en 1943. décédé en 2009. Sous-officier parachutiste, a servi en Extrême-Orient.
Ancien combattant 1939-1945, Croix de Guerre, Officier de l’Ordre National du Lion, Chevalier de l’Ordre National du Lion, Chevalier de l’Ordre National du Mérite, Chevalier de l’Ordre du Mérite congolais. Il participe ensuite à la libération de la France en 1945 et à la campagne d’Indochine dans les commandos parachutistes coloniaux de 1947 à 1950. C’est pourtant pour un autre combat qu’il a acquis sa notoriété et qu’il restera pour toujours attacher à l’histoire de Gorée, celui pour la mémoire de l’esclavage. L’État ayant racheté en 1958 la Maison des esclaves de Gorée, il en est nommé le premier conservateur en 1962. Depuis cette date, il n’a jamais quitté son poste et a présenté avec passion et emphase “sa” maison et “son” histoire à des centaines de milliers de touristes, à tous les monarques, présidents et célébrités de la planète. Grâce à lui, cette maison est devenue mondialement célèbre. A ce titre, il a lui-même été très souvent honoré et a reçu de multiples distinctions. Au mois de juin 2006, il a été désigné très officiellement “trésor humain vivant”. Il a récemment signé un ouvrage destiné aux enfants intitulé Il fut un jour à Gorée, l’esclavage raconté à nos enfants.
il a commencé ses recherches à la Maison des esclaves en 1960 avec les encouragements de Léopold Sedar SENGHOR, le Premier President du Sénégal Indépendant. Ses efforts ont directement fait de la Maison des esclaves un androit qui cristallise toutes les mémoires des traites négrère, mais aussi à la nomination de l’île de Gorée 1er Site classé patrimoine mondial de UNESCO.
Joseph Ndiaye est décédé à Dakar le 06 février 2009
Au début des années 1960, sous l’impulsion d’un homme, Boubacar Joseph Ndiaye, une chronologie du souvenir de la traite atlantique a pris place à Gorée et dans la Maison des esclaves. Depuis les representations du catholique Senghor jusqu’a la visite du Pape Jean Paul II, différentes références universalistes, censées être consensuelles, ont façonné ce lieu de mémoire. Si Joseph Ndiaye n’était pas chrétien, les références implicites au catholicisme de son discours sur la traite négrière s’expliquaient par l’influence de ces représentations globalisées dans ce contexte national. En mai 2001, avec la loi dite Taubira, la France reconnaissait « la traite et l’esclavage comme crime contre l’humanité ». Depuis bientôt une vingtaine d’années ce qui est censé s’être passé dans l’enceinte de la Maison des esclaves à la fin du xviiie et au début du xixe siècle, la mise en esclavage et la déportation de captifs africains, est devenu un « crime contre l’humanité ». Cette expression est aujourd’hui reprise par Éloi Coly. Cette loi a rapidement été considérée comme un modèle dans les luttes de reconnaissance pour dire la réalité de la traite négrière. Son aspect purement déclaratif a sûrement contribué à son succès. Aucune demande de réparation explicite ne sera formulée.…. L’habileté du discours de Ndiaye puis de Coly est probablement de partir de ce « crime » et donc, aujourd’hui, de pouvoir éviter d’avoir à débattre de cette Maison vue comme un « mythe », une Maison qui serait attaquée par des « révisionnistes ». Le discours qui s’énonce dans cet espace insiste sur les expériences vécues tout en créant un cadrage temporel spécifique. Hormis l’apartheid aucun lien n’est fait, par exemple, avec les systèmes de domination coloniaux, encore moins avec les prolongations actuelles qui se jouent dans les rapports internationaux et qui place le continent africain en position subalterne. le discours du conservateur de la Maison des esclaves mentionne des dates précises et des espaces concrets, ce sont surtout des catégories anhistoriques, et donc apolitiques, qui dominent. C’est le choix d’une vision réconciliatrice de l’histoire qui est fait. À Gorée, dans le discours du conservateur, la chronologie factuelle de la traite atlantique est reléguée au second plan au profit d’une narration qui insiste sur les expériences des captifs. Les chronotopes du récit de l’esclavage qui se donnent à observer lors d’une visite de la Maison des esclaves sont à la fois des artefacts – la porte du voyage sans retour, le cachot, hier la chaine d’esclaves – mais aussi des mots répétés plusieurs fois par jour depuis près d’une soixantaine d’années. Ainsi, dans la Maison des esclaves, on ne vend pas des livres d’histoire, il s’agit moins d’expliquer que de faire ressentir et c’est peut-être ce qui explique son succès.
L'esclavage, passé et présent.
Du 16e au 19e siècle, plus de 12,5 millions d'Africains ont été contraints de quitter leur foyer, réduits en esclavage et embarqués sur des navires à destination du Nouveau Monde. Près de deux millions d'entre eux n'ont pas survécu à la traversée, mourant de malnutrition, de maladie, de violence ou se suicidant.
La traite transatlantique des esclaves a eu un impact sur le monde entier et les conséquences de l'esclavage africain nous affectent encore aujourd'hui.
La mission de la Maison des Esclaves, également connue sous le nom de House of Slaves en anglais, est de faire partager cette histoire aux visiteurs, de leur donner l'occasion de réfléchir aux répercussions modernes de la traite transatlantique des esclaves et d'envisager la façon dont ils pourraient œuvrer pour un avenir plus juste et plus pacifique.
Alors que d'autres sites en Afrique et en Europe se concentrent sur la nature à grande échelle, presque industrielle, de la traite des esclaves, la Maison des Esclaves offre une autre perspective, celle de citoyens privés opérant comme marchands d'esclaves à partir de leur propre domicile. En outre, le site offre un aperçu unique sur le rôle des femmes dans la traite des esclaves, car les registres de recensement révèlent que la population de l'île de Gorée était en grande partie composée de femmes, y compris des Africaines noires libres, des signares métisses et des travailleurs domestiques. Les signares - comme Anne Pépin, propriétaire de la Maison des Esclaves - étaient des femmes africaines d'origines ethniques diverses qui exerçaient un pouvoir économique et une influence considérables. Certaines, dont Anne Pépin, ont réduit d'autres Africains en esclavage et les ont vendus pour être envoyés à l'étranger.
En partageant cette histoire, la Maison des Esclaves est un mémorial vivant des millions d'Africains réduits en esclavage lors de la traite transatlantique, ainsi qu'un site qui sensibilise le public aux conséquences contemporaines de l'esclavage et aux quelque 40,3 millions de personnes qui sont encore asservies aujourd'hui.